Un nouvel élan pour le dialogue social européen ?

Un nouvel élan pour le dialogue social européen ?

Le 31 janvier dernier, les partenaires sociaux européens, la Commission européenne et la présidence belge du Conseil se sont réunis à Bruxelles au Château de Val Duchesse pour décider une nouvelle fois du sort du dialogue social européen. La réunion s’est clôturée par la signature d’une « déclaration tripartite pour un dialogue social européen fructueux ». Les parties prenantes s’engagent à faire front commun pour relever les principaux défis auxquels les économies et les marchés du travail de l’Union Européenne sont actuellement confrontés.

Un moment, un lieu et une déclaration emprunts d’histoire et d’espoir… 39 ans jour pour jour après les débuts du dialogue social initié au même endroit par Jacques Delors, alors président de la Commission européenne, la déclaration du 31 janvier 2024 fixe une feuille de route.

Les principaux engagements sont de :

  • S’attaquer au problème de la pénurie de main-d’œuvre et de compétences, en promouvant l’accès à une éducation de qualité et accessible à tous, ainsi qu’à un apprentissage et une formation tout au long de la vie. Un plan d’action sera présenté d’ici le printemps 2024.
  • Placer le dialogue social européen au cœur des discussions et des échanges, notamment en s’engageant à respecter et promouvoir le rôle des partenaires sociaux et le dialogue social bipartite.
  • Mettre en place un « envoyé pour le dialogue social européen », dédié spécifiquement au dialogue social européen au sein de la Commission européenne pour promouvoir, coordonner et renforcer le dialogue social dans l’UE.
  • Lancer un « pacte pour le dialogue social européen », impliquant des réunions tripartites et bipartites avec les partenaires sociaux européens pour identifier de nouvelles propositions visant à renforcer le dialogue social européen. Ce pacte devrait être conclu d’ici début 2025.

La question du dialogue social est capitale d’autant plus que la crise du COVID-19, la guerre en Ukraine, les incertitudes en tout genre ont eu un impact considérable sur le coût de la vie, le moral des travailleurs et des entreprises.

Nous n’avons d’autres choix que de mettre en place un dialogue social à la fois ambitieux et efficace pour retrouver la confiance et contribuer à la relance économique.

L’UNSA, aux côtés de la Confédération européenne des syndicats (CES), salue ce signal fort donné au dialogue social européen.
Elle rappelle néanmoins le récent échec des négociations sur le télétravail et le droit à la déconnexion.
Le rejet des employeurs après plus d’un an de négociations a révélé la fragilité du dialogue social européen et les risques qui en découlent pour la démocratie et le modèle social européen.
La déception est à la hauteur de l’attente créée par la perspective de renouer avec des accords-cadres pouvant être transformés en directive et de redonner aux partenaires sociaux leurs places de co-législateurs en matière sociale.

À quelques mois des élections européennes, il est capital que les partenaires sociaux contribuent à restaurer un climat de confiance et redonnent aux travailleurs et travailleuses l’espoir d’un véritable progrès social et d’un avenir commun et durable.

L’UNSA espère que cette énième relance du dialogue social européen soit effective, dynamique, porteuse de plus de protections et de solutions innovantes, adaptées au monde d’aujourd’hui, répondant aux intérêts des travailleurs.euses, comme des entreprises.

Comme à chaque fois que le dialogue social devient possible, l’UNSA sera au rendez-vous, notamment par son engagement au sein de la CES.

Et comme écrivait Jacques Delors en 2017, “l’histoire n’est pas terminée, même si la période est plus difficile. C’est même au moment où l’Union européenne est en danger que nous avons besoin d’acteurs sociaux forts, légitimes et engagés ».


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