L’État est-il un bon ou un mauvais employeur ?

Pas de revalorisation ni de la valeur du point d’indice, ni des rémunérations, lors du rendez-vous salarial du 2 juillet.

https://www.huffingtonpost.fr/entry/letat-est-il-un-bon-ou-un-mauvais-employeur_fr_5d1a2e0ae4b07f6ca5818fe9?utm_hp_ref=fr-politique

Alors que les prix aug­men­tent chaque année (on parle d’une infla­tion de 1,3% sur les douze der­niers mois), le gou­ver­ne­ment n’envi­sage tou­jours pas pour 2020 de revoir la valeur du point d’indice, base de la rému­né­ra­tion des agents.

Tous les argu­ments sont lancés.

« Cette mesure impacte gran­de­ment le budget de l’État ». C’est vrai : 1,3% de hausse, c’est 2,6 mil­liards pour les comp­tes publics, mais les agents publics n’exer­cent-ils pas des mis­sions d’inté­rêt géné­ral qui relè­vent de la puis­sance publi­que, laquelle doit donc en assu­rer le coût ?

« Elle rap­porte peu à chaque agent » : c’est vrai aussi car, par exem­ple, une telle hausse de 1,3% per­met­trait à un(e) aide-soi­gnant(e) de caté­go­rie C avec 10 ans d’ancien­neté de gagner 24,50 euros de plus chaque mois. Mais les quel­ques euros résul­tant de la hausse régu­lière du SMIC sont-ils un argu­ment contre sa reva­lo­ri­sa­tion ?

Alors, n’est-il pas juste de mieux consi­dé­rer les infir­mier(e)s, les poli­cier(e)s, les agent(e)s au ser­vice des citoyens ? N’est-il pas juste de les aug­men­ter annuel­le­ment au moins comme l’évolution des prix ?

Certains diront qu’un agent public voit son salaire aug­men­ter avec son ancien­neté. C’est tou­jours exact mais c’est un élément du contrat passé avec l’employeur public. À savoir, la rému­né­ra­tion est sou­vent infé­rieure (à for­ma­tion égale en début de car­rière) que celle d’un sala­rié mais avec la cer­ti­tude d’une pro­gres­sion régu­lière lui per­met­tant de partir en retraite avec une pen­sion équivalente à une car­rière par­fois plus rapide dans le privé.

Ne pas reva­lo­ri­ser la valeur du point d’indice, c’est agir contre l’attrac­ti­vité des métiers de la fonc­tion publi­que. C’est de fait, déclas­ser les métiers. C’est pau­pé­ri­ser une partie des agents de la Fonction publi­que, notam­ment les moins rému­né­rés. C’est mettre de l’eau au moulin d’une forme de dédain qui va de pair avec le « fonc­tion­naire bashing » alors que la fonc­tion publi­que est indis­pen­sa­ble à notre pays.

Ensuite, chaque minis­tre ten­tera d’expli­quer les dif­fi­cultés de recru­te­ment. Les médias par­le­ront d’une baisse du nombre de can­di­dats pour tel ou tel concours. On dira aussi qu’il manque des per­son­nels dans des ser­vi­ces publics cru­ciaux pour le quo­ti­dien des citoyens.

Rappelons-nous que depuis 2011, la valeur du point d’indice est gelée sauf en 2016, grâce à l’accord que l’UNSA a signé, accord fondé sur une évolution annuelle de sa valeur au rythme de l’infla­tion.

Qui aura envie de pré­ten­dre à un emploi sous-rému­néré et une car­rière si peu reconnue par son employeur ?

Si le gou­ver­ne­ment main­tient ce choix, il peut cepen­dant pren­dre d’autres déci­sions qui per­met­tront de faire pro­gres­ser le pou­voir d’achat des agents publics. Chaque agent, qu’il soit fonc­tion­naire ou contrac­tuel, doit être reconnu au même titre que la plus grande partie des sala­riés.

Le Ministre de l’Action et des comp­tes publics, avec son Secrétaire d’État, peu­vent agir concrè­te­ment par des mesu­res indem­ni­tai­res, des mesu­res qui valo­ri­sent l’enga­ge­ment des agents au ser­vice de l’inté­rêt géné­ral, y com­pris des mesu­res excep­tion­nel­les du type prime défis­ca­li­sée à l’instar de ce que demande le Président de la République aux entre­pri­ses du sec­teur privé.

Il est aujourd’hui de sa res­pon­sa­bi­lité de répon­dre aux atten­tes des cinq mil­lions d’agents publics lors du rendez-vous sala­rial du 2 juillet.

Luc Farré
Secrétaire géné­ral de l’UNSA Fonction Publique