Aide médicale d’Etat (AME), accès aux soins sur l’ensemble du territoire, nombre de professionnels de santé, taxe « lapin » ou encore santé mentale sont autant de thèmes qui ont été abordés par le Premier ministre lors de son discours de politique générale devant le Parlement le 31 janvier. Un inventaire à la Prévert complété par quelques mesures qui, pour l’UNSA, ne répondent pas aux enjeux présents et à venir.
• L’aide médicale d’Etat : l’UNSA s’est maintes fois prononcée contre la restriction des droits et l’accès aux soins pour les étrangers. Clairement échaudée par la séquence de la loi dite « immigration », notre organisation sera très vigilante vis-à-vis des décisions qui pourraient être prises pour reformer ce dispositif de santé publique.
• Nombre de professionnels de santé : l’UNSA ne peut que se féliciter de la régularisation des médecins étrangers qui exercent sur notre territoire. Et ce d’autant qu’un certain nombre de dossiers étaient en souffrance depuis des mois voire des années. Cette situation générant de fait précarité et insécurité pour les soignants concernés. Mais la solution visant à « nommer un émissaire chargé d’aller chercher à l’étranger des médecins qui voudraient venir exercer en France » ne nous semble pas une solution digne de notre pays. Il faudra être attentifs à ne pas déstabiliser les systèmes de soins locaux dans des pays qui ont souvent des besoins importants dans ce domaine.
• Les déserts médicaux : énième annonce sur le sujet depuis le plan « Ma santé 2022 » présenté en 2018 par le Président de la République visant à la généralisation du service d’accès aux soins (SAS) sur l’ensemble du territoire. Ce dispositif doit permettre à chaque malade d’être orienté vers un professionnel de santé en cas de besoin de soins non vital. Mais c’était sans compter sur la réticence des professionnels de santé à participer à la régulation de ces soins. L’UNSA se félicite donc des annonces du Premier ministre prévoyant de « restaurer des obligations de garde pour les médecins libéraux, en soirée ou le week-end, dans leurs cabinets, à l’hôpital ou en maison de santé » dès cet été, dans les départements qui n’auraient pas déployé de SAS. C’est une demande formulée de longue date par notre organisation syndicale. L’UNSA restera toutefois vigilante quant à la capacité des SAS à réellement répondre aux besoins de la population pour des soins non programmés.
• Taxe « lapin » : le gouvernement envisage de faire payer les patients qui prennent rendez-vous chez un professionnel de santé mais qui ne s’y rendent pas et ni ne préviennent de leur absence. Sur le fond, pourquoi pas, mais pour l’UNSA, cela nécessite des garde-fous : quel délai de prévenance ? Quid des impératifs qui échappent à la volonté du patient ? Quid des consultations annulées au dernier moment mais réattribuées à d’autres patients ? etc.
• La santé mentale : le Premier ministre aborde à juste titre cette question mais sous le seul prisme de la jeunesse. Or dans notre pays, c’est dans son ensemble que la santé mentale est malmenée. Manque de financements, de structures, de moyens humains, etc. L’intention exprimée envers la jeunesse va d’évidence dans la bonne direction mais elle ne peut se limiter à cette population. L’UNSA demande plus de moyens pour l’ensemble de cette filière tant pour le secteur public que pour le privé.
Si certaines des mesures annoncées peuvent être accueillies positivement par l’UNSA, malheureusement le discours de politique générale du Premier ministre n’évoque en rien la manière dont il entend pérenniser notre système de protection sociale. Il affiche pourtant une trajectoire financière inquiétante pour les années à venir. Or le gouvernement reste invariablement sourd aux pistes que nous avons avancées tant pour le financement que pour l’amélioration de l’accès aux soins quel que soit le lieu de résidence. L’UNSA sera donc très attentive aux orientations retenues dans les semaines et les mois à venir.