Discrimination dans l’emploi : les jeunes surexposés ?
8 décembre 2021
D’après l’enquête de la Défenseure des droits menée avec l’Organisation internationale du travail (OIT)*, plus d’un jeune sur trois rapporte avoir vécu une situation de discrimination ou de harcèlement discriminatoire dans le cadre de sa recherche d’emploi ou de sa carrière. Pire, près d’un jeune sur cinq déclare y avoir été confronté à plusieurs reprises.
Ces discriminations résulteraient notamment :
- des représentations sociales (préjugés, stéréotypes, normes stigmatisantes) ;
- des rapports de domination et des interactions spécifiques au domaine de l’emploi ;
- des inégalités collectives, durables et cumulatives, qui structurent les différentes sphères de la vie sociale.
Cette enquête permet également de mettre en exergue certaines perceptions des discriminations spécifiques aux jeunes : plus d’un tiers des jeunes âgés de 18 à 34 ans considèrent que les discriminations constituent un phénomène massif dans la société française, dans l’ensemble des domaines de la vie sociale.
Ces jeunes se trouvent dans une situation de surexposition aux discriminations dans l’emploi, faisant face à 3 situations d’hostilité : être sous-estimés dans leurs compétences, être mis sous pression pour en faire toujours plus, se voir confier des tâches inutiles et ingrates.
Afin de lutter contre ces phénomènes discriminatoires, la Défenseure des droits a rappelé ses recommandations :
- mesurer les inégalités et les discriminations pour agir ;
- créer un Observatoire des discriminations ;
- assurer une sanction dissuasive des discriminations par les juges ;
- assurer une réelle portée au dispositif d’action de groupe ;
- assurer un engagement des organisations dans la prévention des discriminations ;
- obtenir la sanction des discriminations par les organisations ;
- assurer la transparence, la traçabilité et l’objectivation des procédures et décisions ;
- éduquer contre les discriminations.
Concernant les discriminations dans l’emploi, la Défenseure des droits recommande plus spécifiquement aux employeurs, privés comme publics :
- de mettre en œuvre une phase de diagnostic et d’enquête au sein de l’organisation pour mieux identifier les risques discriminatoires à l’encontre des jeunes salariés ;
- d’élaborer des actions de prévention et de lutte contre les discriminations, et de prévoir des mesures spécifiques ciblant les jeunes actifs ;
- d’interroger l’ensemble des processus et critères de décision en matière de ressources humaines tout en informant et sensibilisant l’ensemble du personnel à la non-discrimination.
Pour l’UNSA, farouchement attachée à la lutte contre toutes les discriminations, il est urgent de mettre fin à des situations dévalorisantes pour les jeunes entrant sur le marché du travail. Elle sera particulièrement attentive au suivi des préconisations portées par la Défenseure des droits dans les entreprises et la fonction publique.
*Discrimination dans l’emploi à retrouver ici : https://www.defenseurdesdroits.fr/sites/default/files/atoms/files/etres-oit14-num-01.12.21.pdf